Les pieds bien calés dans les starting blocks, David Brown attend, concentré, que le départ soit donné. Détenteur du record du monde du 100 mètres pour athlètes non-voyants, il s’apprête à défendre son titre une nouvelle fois aux Jeux Paralympiques de Tokyo. Mais David n’est pas seul : vingt centimètres à peine le séparent de Jerome Avery, son guide, lui aussi prêt à prendre le départ. D’un coup, comme un seul homme, les deux athlètes se redressent : la course vient d’être lancée. Le pas déterminé, David et Jerome courent au même rythme effréné. Leurs pieds se posent au sol précisément à la même fraction de seconde...
David et Jerome courent l’un avec l’autre depuis des années. « Jerome, dit David, est plus qu’un coach.[...] C’est comme si nous étions une seule personne. » Pour arriver à un tel niveau de compétition, il a dû accepter de faire une confiance totale à Jerome. Il a dû apprendre à se laisser guider uniquement par la voix de son coéquipier. « Qu’une personne courre les yeux fermés et fasse confiance à une autre juste en écoutant le son de sa voix, c’est tout simplement magnifique. », confie Jerome. Si David a réussi à franchir ce pas, c’est grâce aux liens qui se sont tissés entre lui et Jerome : petit à petit, ils ont appris à mieux se connaître, à s’aimer même, d’une amitié inébranlable. David est convaincu que Jerome le guidera vers la ligne d’arrivée et qu’il peut lui accorder une pleine confiance.
S’abandonner et faire confiance, les yeux fermés... Si cela constitue l’un des pas les plus difficiles à faire dans les relations humaines, qu’en est-il de notre relation à Dieu ?
« Recommande ton sort à l’Eternel, mets ta confiance en lui, et il agira. », nous dit le Psaume 37. Mettre sa confiance en Dieu, une confiance aveugle... Non pas parce qu’il est le sésame vers une existence sans encombre, sans chute. Mais parce qu’il nous assure qu’il sera là pour nous aider à franchir les obstacles, qu’il nous relèvera si la route est trop difficile et que nous trébuchons. Ne nous y méprenons pas : placer notre vie entre les mains de Dieu ne nous préservera pas de la souffrance, des difficultés, de la maladie. Mais lorsque l’obstacle se présentera, nous pourrons, les yeux fermés, écouter sa voix rassurante qui nous indiquera où poser le pied pour avancer malgré tout. Nous pourrons nous diriger en paix vers le but, portés par ses encouragements, consolés par sa tendresse, persuadés qu’il marchera à nos côtés selon le rythme de nos pas...
« Béni soit l'homme qui fait confiance à l'Eternel et qui place son espérance en lui! Il ressemble à un arbre planté près de l’eau et qui étend ses racines vers le cours d’eau : il ne s’aperçoit pas de la venue de la chaleur et son feuillage reste vert. Lors d’une année de sécheresse, il ne redoute rien et il ne cesse pas de porter du fruit. »
Jérémie 17, 7-8
Karine Rouvière